13/04/2022
LA NECROPOLE ANTIQUE DE LA VILLE BASSE D’ELNE
DECOUVERTE D’UN SARCOPHAGE
Depuis mars 2021, un vaste chantier de remplacement des réseaux d'adduction d'eau et d'assainissement est réalisé en ville basse d'Elne. Ces travaux sont conduits par la Communauté de Communes Albères - Côte Vermeille – Illibéris et par les entreprises Sol et Sade.
Un sarcophage en calcaire, intact, encore scellé par son couvercle en pierre, vient d’être mis au jour. Ce sarcophage se trouve à 3,20 m de profondeur, au croisement des rues Mazagran et Desaix. Il a été décidé d’élargir la tranchée et de le ramener à la surface afin qu’il puisse être étudié dans les locaux du Département. C’est une opération hors norme, nécessitant des engins de levage, qui vient d’être déployée par l’entreprise Sol, en collaboration avec les archéologues du Département, sous la direction de Camille Mistretta-Verfaillie. La fouille du coffre interviendra ultérieurement, permettra de le dater et livrera des informations précieuses sur le défunt, certainement un dignitaire de l’ancienne cité d’Elne. Ensuite, le sarcophage reviendra à Elne pour être présenté au public.
Cette nécropole témoigne de la présence d’une église funéraire autour de laquelle s’organisent les sépultures. Il s’agit probablement de l’église Saint-Pierre mentionnée dans la documentation et dont on sait qu’elle existait encore en 935 avant de disparaître. La tradition associe cette église à la mention d’un lieu de culte en 350, l’une des plus anciennes mentions du sud de la Gaule, qui aurait été le théâtre de l’assassinat d’un empereur romain à Elne : Constant, fils de l’empereur Constantin a été renversé à Autun en 350 par l’usurpateur Magnence ; il a fui vers l’Hispanie pour rejoindre son armée et a été rattrapé à Elne par les hommes d’armes de Magnence. Il s’est réfugié dans une église où il a été capturé, traîné vers l’extérieur, dépouillé de ses insignes impériaux avant d’être assassiné.
En France, depuis 2001, la loi protège le patrimoine archéologique enfoui et impose que ce dernier soit étudié avant qu’il ne soit détruit pas des projets d’aménagement. C’est ce qui a conduit la Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie à demander le suivi archéologique de ces travaux, opération confiée au Service Archéologique du Département des Pyrénées-Orientales.
La ville d'Elne est occupée de manière continue depuis près de trois millénaires. Pourtant, nos connaissances sur la ville basse sont minces car la trame urbaine serrée offre peu de possibilités d'explorer le sous-sol. Contrairement à la ville haute d'Elne, qui est mieux documentée, la ville basse d'Elne, intra-muros, n'a fait l'objet que de peu d'observations archéologiques et les fouilles y sont rares. On doit une grande partie de nos connaissances aux observations réalisées par Roger Grau lors de l’installation du réseau d’assainissement, dans les années 1960.
À cette occasion, dans le secteur de la place du Planiol, depuis la place Saint-Jacques et surtout le long de la rue Mazagran, une vaste nécropole de la fin de l’époque romaine (IVe-VIIe s.) a été découverte. De nombreuses sépultures, enfouies entre 1,50 m et 3,15 m de profondeur, ont été identifiées, dont des sarcophages en marbre et en calcaire, des sépultures en bâtière de tuiles, un sarcophage en plomb, des caveaux maçonnés et des tombes d’enfants en amphore.